Grand armateur, capitaine d’industrie, Philippe Louis-Dreyfus s’est éteint le 17 juin 2025. Sa vie fut celle d’un pionnier, qui sut réinventer la filiale de transport maritime du groupe LDA, Louis-Dreyfus Armateurs, fondé par son arrière-grand-père, pour le mener vers d’autres horizons. 

Il vit le jour le 9 mars 1945, à Paris. Son père, Pierre Louis-Dreyfus, engagé dès 1941 dans la Résistance puis dans les Forces françaises libres, sillonnait alors encore le ciel du front de l’Ouest, au sein du groupe de bombardement Lorraine. Cet enfant de la Libération, élevé dans l’amour de son pays, eut aussi très tôt le goût de l’Europe. Dès 1972, il travailla dans le transport international de marchandises, en Grande-Bretagne, en Norvège, et dans le groupe familial, avant de mettre, en 1974, le cap sur la banque d’affaires, au sein de la banque Louis-Dreyfus, puis chez Pallas, à partir de 1990. Il présida ensuite le Crédit naval, avant de revenir à des eaux plus familières, devenant en 1996 président de la filiale Louis Dreyfus Armateurs (LDA), dont il prit le plein contrôle onze ans plus tard. 

Perpétuant l’expertise familiale d’armateurs, il sut diversifier l’activité de la plus vieille compagnie maritime française. Philippe Louis-Dreyfus compléta la conception et la gestion de navires par des expertises industrielles et technologiques nouvelles, troquant le transport de vrac contre l’installation et la maintenance de câbles de télécommunications sous-marins et d’éoliennes offshore, et travaillant notamment avec les géants Alcatel et Airbus. 

En parallèle, Philippe Louis-Dreyfus fut un ambassadeur éclairé de sa filière, à la tête, dès les années 2000, d’Armateurs de France, de l’Association des armateurs européens, puis du BIMCO entre 2015 et 2017, appelant sans relâche à décarboner le maritime pour « gagner la guerre des océans ». Il officia également au sein du Comité national des Conseillers du commerce extérieur et de MEDEF International, en tant que vice-président. 

Officier de réserve cavalerie-parachutiste, champion de France de squash par équipe, il multiplia les engagements, à commencer par la création du Registre international français et de la taxe au tonnage, et fit face à d’innombrables tempêtes, dont celle du Covid, qu’il affronta comme président du conseil de surveillance du groupe LDA. 

Le Président de la République et son épouse regrettent la disparition d’un industriel visionnaire, les yeux arrimés au grand large, qui avait à cœur la vocation maritime de la France, et fit flotter le pavillon tricolore sur tous les océans. Ils adressent leurs condoléances à sa famille et à ses proches. 

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